ONU: Le Nouveau Forum Mondial pour l’AGI– Première Analyse de la Régulation Globale de l’Intelligence Artificielle Générale

ONU: Le Nouveau Forum Mondial pour l'AGI– Première Analyse de la Régulation Globale de l'Intelligence Artificielle Générale

Le Forum ONU sur l’AGI : une avancée historique ?

En septembre 2025, l’Assemblée générale de l’ONU a lancé un nouveau forum mondial dédié à la ia générale et à la régulation de l’intelligence artificielle générale (AGI), marquant une étape historique dans la gouvernance technologique globale. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de montée en puissance rapide de systèmes capables d’atteindre, voire de dépasser, le niveau d’intelligence artificielle forte ou de superintelligence artificielle. Plusieurs incidents récents et appels de la communauté scientifique ont contribué à rendre urgente une réponse internationale structurée.

Le forum est composé d’un panel de 40 membres de haut niveau, nommés pour une durée de trois ans, issus de milieux variés: chercheurs, représentants industriels, responsables politiques et acteurs de la société civile. Il agit à titre personnel, garantissant ainsi l’indépendance de l’expertise apportée. L’ambition affichée est double: d’une part, combler le vide de coordination internationale sur l’IAG; d’autre part, prévenir toute dérive qui pourrait voir la superintelligence artificielle échapper à tout contrôle humain (lire l’analyse).

Cette démarche de l’ONU se distingue des initiatives des années précédentes par sa volonté d’intégration directe des recommandations scientifiques dans les processus politiques, une ouverture accrue aux parties prenantes non étatiques, et un focus explicite sur les risques existentiels. Pour la première fois, on observe une tentative résolue d’aboutir à une feuille de route universelle pour l’AGI, alors que jusqu’ici, les grandes puissances et différents blocs technologiques suivaient des trajectoires fragmentées (source ONU).

À noter que ce forum intervient dans la continuité directe des débats mondiaux, mais se distingue par son ambition manifeste: la création d’un dialogue structurel et scientifique encadrant la future superintelligence artificielle.

Gouvernance planétaire: comment l’ONU veut encadrer AGI et Superintelligence

Le nouveau forum de l’ONU adopte une approche multilatérale ambitieuse pour encadrer la intelligence artificielle générale et la superintelligence. Sa mission centrale: élaborer des standards et recommandations globaux pour garantir la sécurité, la transparence, et le contrôle humain sur les systèmes d’AGI. Pour ce faire, il fédère gouvernement, chercheurs, secteur privé et ONG autour d’une même table, cherchant à dépasser les logiques de compétition technologique.

Les moyens d’agir sont concrets: le forum dispose de groupes de travail thématiques, d’un secrétariat permanent basé à New York, d’un accès direct à un panel scientifique de haut niveau, et d’un système de rapportage public destiné à alerter dès l’apparition de risques critiques. Il peut aussi initier des consultations indépendantes et publier des recommandations multidisciplinaires à destination des États mais aussi des acteurs privés (communiqué AGNU).

L’articulation avec les autres organes internationaux constitue une innovation notable. Ainsi, le forum coopère déjà avec l’OCDE, l’Union européenne (notamment via l’AI Act) ou le Conseil scientifique mondial mis en place par l’ONU (décryptage ici).

L’objectif à court terme est d’identifier des « lignes rouges » à ne pas franchir dans le développement d’une superintelligence artificielle – par exemple, sur la délégation d’autorité décisionnelle, la manipulation massive de l’opinion, ou le contrôle autonome d’infrastructures vitales. Les missions couvrent aussi l’inclusion des pays moins avancés et la prévention des monopoles privatifs dans l’accès à l’IAG.

Réactions et fractures : qui applaudit, qui s’inquiète ?

La création du forum a suscité un vaste éventail de réactions. Plusieurs grandes puissances occidentales, dont la France, l’Allemagne et le Canada, ont vivement soutenu l’initiative, la voyant comme un pas décisif vers une gouvernance partagée qui éviterait une « course à l’abîme » technologique. Les États-Unis affichent un soutien prudent, insistant sur la nécessité de préserver l’innovation tout en limitant les risques de dérive de l’intelligence artificielle. La Chine, quant à elle, appuie le forum, mais insiste pour ne pas entraver ses ambitions nationales en matière de superintelligence artificielle.

Du côté du secteur privé, les géants de la tech (Big Tech) – Google, Microsoft, OpenAI – participent officiellement mais expriment des craintes quant à une régulation trop lourde, qui pourrait brider la dynamique de recherche et développement globale (Euronews). Les associations de défense des droits numériques et certaines ONG saluent l’ouverture aux parties prenantes, mais dénoncent des ambitions parfois trop « minimalistes » et pointent la nécessité de transparence sur les travaux du forum (Le Monde).

Les premiers débats scientifiques valorisent la méthode retenue: indépendance, transparence et intégration multidisciplinaire. Néanmoins, de nombreux chercheurs s’inquiètent sur la capacité réelle du forum à influer sur des groupes industriels puissants et sur les tensions grandissantes entre blocs géopolitiques (ONU Info). Les industriels de l’IA généraliste, bien que sceptiques, demeurent attentifs à un éventuel « label ONU » susceptible de rassurer le public et les investisseurs.

Pour approfondir la dimension gouvernance, voir cette analyse des mutations de la gouvernance mondiale.

Limites et pièges : risques de blocage ou d’inefficacité du forum

Malgré son ambition, le forum n’est pas à l’abri de critiques ni d’écueils majeurs. Un premier risque identifié est celui d’un « forum-abri »: une enceinte où les grandes puissances et les industriels viendraient avant tout donner le change, sans véritable intention de modifier la course effrénée à l’intelligence artificielle générale. Plusieurs analystes redoutent qu’une gouvernance consensuelle sans réels moyens contraignants n’aboutisse à une « ONU-bis technologique » peu crédible face aux enjeux d’AGI.

L’absence de pouvoirs décisionnels forts ou de mécanismes de sanction peut limiter la portée réelle des recommandations, d’autant plus que les intérêts géopolitiques restent très divergents. Les grandes inconnues résident dans: la capacité du forum à imposer des « lignes rouges », la prise en compte des signaux faibles (ex: fuite de technologies critiques, course informelle par d’autres États ou conglomérats privés), et la création d’un mécanisme d’alerte rapide pouvant réellement influencer les comportements (voir cette analyse sur la fragmentation de la régulation).

D’autres critiques portent sur le risque d’inefficacité par dilution de l’agenda: entre inclusion des pays émergents, défense de l’innovation, et prévention des risques extrêmes, certains s’interrogent sur la faisabilité de compromis concrets. Enfin, la question des ressources budgétaires et humaines du forum reste en suspens, certains craignant qu’il ne dispose pas des moyens pour mener à bien ses missions stratégiques.

Pour une perspective éthique, voir les défis éthiques de la régulation mondiale et le rôle du Conseil scientifique mondial.

Conclusion : une feuille de route crédible ou simple vitrine politique ?

L’ONU réussira-t-elle son pari: instituer un cadre légitime pour accompagner le développement de la ia générale? La feuille de route qui se dessine mêle ambitions affichées et nombreux points d’interrogation. À court terme, le forum doit poser les bases de standards mondiaux communs, tout en conservant la flexibilité nécessaire pour s’adapter à une technologie en perpétuelle évolution.

Les prochains mois seront décisifs: l’agenda prévoit la publication de recommandations prioritaires, la tenue de rencontres multisectorielles, et l’évaluation de premiers dispositifs d’alerte face aux risques extrêmes liés à l’intelligence artificielle générale. Les scénarios possibles vont du renforcement progressif de l’autorité onusienne à une reprise en main nationale ou régionale face à des blocages trop importants.

Les signaux faibles à surveiller: la coopération réelle entre blocs géopolitiques concurrents, la transparence des débats internes, l’intégration effective des recommandations scientifiques et la montée en puissance des mécanismes d’audit international. Si le forum parvient réellement à fédérer et à prendre des mesures normatives, il pourrait préfigurer une gouvernance nouvelle de l’intelligence artificielle à l’échelle planétaire. Dans le cas contraire, il risquerait de n’être qu’une vitrine politique de plus, sans impact tangible sur la course à la superintelligence artificielle.

Pour suivre l’évolution de la gouvernance technologique mondiale, restez à l’écoute des travaux du forum, mais aussi des signaux envoyés par les principaux acteurs industriels et scientifiques.