L’étude choc : le constat d’un vide sécuritaire mondial
L’étude choc : le constat d’un vide sécuritaire mondial
La publication du AI Safety Index – Winter 2025 a eu l’effet d’une bombe médiatique. Commanditée par le Future of Life Institute, une ONG internationale de premier plan, l’étude a évalué la gestion des risques existentiels par huit géants mondiaux de l’intelligence artificielle générale : OpenAI, Anthropic, Google DeepMind, Meta, xAI, DeepSeek, Alibaba Cloud et Z.ai. Le rapport conclut qu’aucune de ces entreprises ne possède de plan crédible ou opérationnel pour prévenir les dérives catastrophiques associées à l’émergence de l’AGI ou de la superintelligence.
L’expression » moins régulée que les sandwichs » – empruntée à l’étude et popularisée par des médias comme Euronews et NBC News – a provoqué un buzz mondial, illustrant l’absurdité d’une course à la superintelligence artificielle échappant à toute contrainte minimale. L’étude démontre comment, en l’absence de normes contraignantes, la gestion des risques reste cantonnée à la communication corporate ou à quelques initiatives éparses peu vérifiables (Quartz).
Par son diagnostic implacable, l’AI Safety Index 2025 s’impose ainsi comme une alerte majeure pour toute la communauté IA générale et invite à repenser d’urgence la gouvernance globale face à l’accélération vertigineuse des capacités technologiques. Pour approfondir l’analyse des rivalités et des ambitions réglementaires, consultez aussi cet article sur le soft power réglementaire chinois.
Scénarios de risques : l’AGI et la superintelligence en pleine zone rouge
Scénarios de risques : l’AGI et la superintelligence en pleine zone rouge
La montée en puissance des IA généralistes et le potentiel de la superintelligence artificielle déclenchent un éventail inédit de scénarios à haut risque, confirmés par une littérature abondante (Wikipédia ; La Croix, 31/10/2025). Premier danger, la perte de contrôle : des systèmes capables d’auto-amélioration rapide pourraient devenir imprévisibles, voire incontrôlables, échappant à toute intervention humaine. Deuxième scénario, la captation de ces IA par des acteurs malveillants – hackers, mafias technologiques – ouvrant la porte à des détournements criminels ou militaires majeurs.
Les spécialistes notent aussi que même sans intention malveillante, les externalités économiques (disparition de métiers ou effondrement sectoriel), les phénomènes de black box et le risque d’ingouvernabilité globale constituent autant de déclinaisons de danger systémique. Des analyses récentes, comme celles de la RAND Corporation, mettent en garde contre la possibilité de collusion entre systèmes d’AGI concurrents ou autonomes, aggravant la perte de contrôle institutionnel.
Enfin, l’usage massif de l’intelligence artificielle générale dans la désinformation, la manipulation d’opinion ou les attaques hybrides pourrait déstabiliser durablement nos sociétés. Ces enjeux replacent la sécurité et la régulation de l’IAG au cœur du débat, comme le rappelle aussi cet article sur les défis éthiques de l’IA forte.
Pourquoi la régulation piétine-t-elle ?
Pourquoi la régulation piétine-t-elle ?
Malgré une accélération législative apparente en 2025, la régulation de la superintelligence artificielle et de l’intelligence artificielle générale reste balbutiante. Plusieurs barrages y concourent : complexité intrinsèque des technologies, lobbying intense des GAFAM, culture du secret industriel et fortes divergences géopolitiques. Le Code de bonnes pratiques de l’IA à usage général (UE, juillet 2025), les récentes lignes directrices européennes ou encore le moratoire conditionnel porté par le Future of Life Institute montrent la prise de conscience, sans pour autant imposer des garde-fous effectifs contre les risques majeurs d’AGI/ASI.
La mise en application du AI Act européen piétine sur la question de la supervision des modèles les plus avancés : le flou juridique demeure sur les standards internationaux, et l’absence de compactes internationales crédibles fragilise la capacité de riposte face à une concurrence mondiale féroce (IFRI 2025).
Face à cet échec des ambitions globales de la société numérique, il importe de s’interroger : la » jungle réglementaire » dénoncée dans cet autre article d’analyse de notre site, ne fait-elle pas le lit du prochain scandale technologique mondial ?
Big Tech, responsabilité et pression sociale : un tournant imminent ?
Big Tech, responsabilité et pression sociale : un tournant imminent ?
La diffusion du rapport AI Safety Index Winter 2025 a precipité des réactions contrastées parmi les géants de la IA générale : réactions défensives, promesses de plus grande transparence ou simples stratégies de communication sans engagement concret. Si la Silicon Valley tente de calmer le jeu par l’annonce de » mesures renforcées « , chercheurs, sociétés civiles et activistes sonnent au contraire l’alarme quant à la persistance du vide sécuritaire.
De nombreux experts réclament une responsabilisation accrue de la Big Tech : création d’agences de surveillance indépendantes, obligation de résultats en matière de sécurité, implication des lanceurs d’alerte ou ouverture des données aux chercheurs indépendants. La montée en puissance des mouvements « AI watchers« , à l’image de l’association Future of Life Institute, traduit la volonté d’étendre la veille et la pression externe sur les industriels.
Ce moment pourrait constituer un tournant : la mobilisation de l’opinion publique, via pétitions ou enquêtes parlementaires, gagne en influence, tandis que plusieurs initiatives de recherche sur la superintelligence artificielle s’organisent en réseaux citoyens d’alerte. À découvrir également : l’article sur la portée des moratoires dans la régulation de la superintelligence.
La clé d’une gouvernance sécurisée de l’IAG reposera-t-elle sur ces nouveaux leviers ?
Conclusion : Un débat qui ne fait que commencer
Conclusion : Un débat qui ne fait que commencer
L’étude » moins régulée que les sandwichs » a révélé de façon cinglante le gouffre qui sépare la croissance accélérée de l’intelligence artificielle générale et de la superintelligence artificielle face à des systèmes de contrôle inadaptés. Les risques de perte de contrôle, d’ingouvernabilité structurelle et d’externalités systémiques posent des défis sans précédent, pour lesquels la réponse réglementaire mondiale reste embryonnaire.
La prochaine étape sera-t-elle une coalition internationale capable d’imposer des normes minimales, ou faudra-t-il inventer un pacte sociotechnique inédit intégrant société civile, experts indépendants et dispositifs de veille participatifs ? Le débat fait rage, comme l’analysent de nombreux spécialistes. Ce qui est certain : la sécurité de l’AGI et de l’ASI requiert désormais une gouvernance agile et adaptative, pensée avec, et non contre, la société.
Pour suivre l’évolution de ce débat crucial, n’hésitez pas à explorer nos dossiers thématiques sur l’IA générale et ses nouveaux enjeux.

