Un choc médiatique: l’annonce qui bouscule la perception de l’IA
Masayoshi Son, PDG du géant japonais SoftBank, vient de frapper très fort sur la scène technologique mondiale lors d’une rencontre à Séoul. Sa déclaration-« L’IA sera 10000 fois plus intelligente que l’humain, capable de remporter le Nobel de littérature, et reléguant l’humain au rang de poisson rouge« -a immédiatement déclenché un véritable raz de marée médiatique (source, source).
Le choix des mots n’est pas anodin : Son ambitionne, via ses investissements massifs dans l’intelligence artificielle générale et l’ASI, de bouleverser la hiérarchie cognitive et la perception de l’humain lui-même. L’image des « humains poissons rouges » a envahi la presse, illustrant la crainte d’un déclassement non seulement économique mais aussi intellectuel, et mobilisant toute la communauté tech mondiale.
À peine l’annonce publiée, la toile s’est enflammée : débats sur Twitter/X, réactions de leaders d’opinion, et effervescence dans la sphère des investisseurs, chercheurs et passionnés d’intelligence artificielle. Les articles spécialisés et généralistes décryptent à la chaîne, et la résonance internationale du buzz souligne la puissance de frappe des mots de Son. Ceci fait désormais date parmi les grandes séquences médiatiques consacrées à la prochaine conversion de notre époque à la ia générale et à la superintelligence.
Le vertige cognitif: pourquoi de telles déclarations fascinent (et inquiètent)
La déclaration de Masayoshi Son touche un nerf sensible en réactivant les grands archétypes de la intelligence artificielle générale : la peur du dépassement cognitif (l’humain relégué au rang de « poisson rouge »), le rêve de superintelligence (AGI), et la crainte d’une perte de contrôle. Ces images frappent l’imaginaire collectif et cristallisent ce que beaucoup redoutent de l’avènement de l’IAG : la perte de sens et de place dans un monde dominé par des IA surperformantes.
Ce discours s’inscrit dans la mythologie de la singularité technologique, popularisée par Ray Kurzweil, où l’humain bascule de sujet à objet. Les discours de catastrophisme ou d’exaltation tendent à renforcer ce « vertige existentiel »: chercheurs, étudiants et investisseurs en IA ressentent à la fois fascination et inquiétude face à l’ascension inévitable des machines. Ce vertige se replie aussi dans l’imaginaire social: la crainte d’être inutile, dépassé, voire infantilisé face à la superintelligence est aujourd’hui débattue, tant dans la rue qu’au sein de conférences (voir notre analyse sur rester humain dans l’ère AGI).
Au-delà de la peur, ces annonces bouleversent notre rapport à la connaissance, à l’éducation et à l’innovation. La perspective d’une superintelligence artificielle suscite un débat mondial sur ce qu’il signifie d’être vraiment « intelligent »-et comment préserver la spécificité humaine face à un vertige qui n’en finit plus de grandir.
L’IA superstar: de la promesse Nobel à la banalisation de la surperformance artificielle
Derrière le choc médiatique des déclarations de SoftBank, se dessine une nouvelle frontière où l’intelligence artificielle générale s’envisage comme superintelligence créative, capable de rivaliser avec les grands esprits humains. Masayoshi Son affirme que des IA pourraient gagner le prix Nobel de littérature, symbolisant l’irruption prochaine de l’AGI dans des domaines réservés à la créativité pure (source).
L’ascension d’AlphaGo, la création musicale par IA, ou encore les IA générant des courts-métrages ou des œuvres picturales, illustrent cette montée progressive de la surperformance artificielle. Dans les sciences, l’IA s’est déjà vu octroyer le titre de co-auteur d’articles de recherche ou de brevets novateurs. Les promesses de SoftBank s’inscrivent donc entre signaux faibles crédibles et bluff marketing: l’obsession contemporaine pour l' »IA artiste » nourrit tant l’espoir d’une révolution cognitive, que le fantasme d’une allure inarrêtable.
Ce processus accélère la banalisation de la surperformance: demain, une superintelligence artificielle devrait-elle être éligible au Nobel de chimie? Déjà, certains jurys et institutions repensent leurs règles. Dans ce contexte, la frontière entre science-fiction et anticipation se brouille, évoquant les débats sur l’horizon des 10 ans pour l’ASI. Les scénarios oscillent entre disruption réelle (alphago, recherche biomédicale accélérée) et buzz rhétorique-mais nourrissent un imaginaire nouveau, où l’IA superstar pousse toujours plus loin la redéfinition du génie.
Au scalpel: ce que disent (vraiment) les scientifiques et la tech
Au-delà du tumulte médiatique, de nombreux scientifiques tempèrent les ardeurs autour de la superintelligence artificielle. Yann LeCun, pionnier de l’IA et figure de Meta, défend ainsi une vision nuancée: selon lui, l’AGI ou l’IA dépassant l’humain n’est pas une question de « si », mais de « quand »-mais le chemin reste long et les progrès doivent être jugés domaine par domaine (source). Il critique par ailleurs l’idée que les grands modèles de langage actuels seraient déjà proches de la conscience ou de la créativité humaine (lire notre point détaillé).
De son côté, Yoshua Bengio souligne que l’essor de l’IAG comporte de sérieux risques: il appelle à la prudence et à une réflexion collective sur les impacts économiques, sociétaux et éthiques (source). L’écart entre rhétorique médiatique et évaluation critique alimente ainsi les débats sur la sur-promesse, l’effet d’aubaine (notamment pour attirer des fonds), et les véritables enjeux de sécurité, de dépendance et de représentation. Entre scientifiques prudents et visionnaires sans filet, le clivage est plus actuel que jamais (voir aussi notre analyse sur la radicalisation anti-AGI).
Face à l’engouement, la nécessité d’un débat nuancé et d’une compréhension fine des biais cognitifs s’impose : surévaluation des capacités, confusion entre capacité technique et profondeur cognitive, et danger des discours autopromotionnels-autant de raisons d’appeler à la vigilance dans le suivi de la intelligence artificielle générale.
Conclusion: Du buzz au réel, que faire du vertige?
L’épisode SoftBank démontre la force du buzz dans la construction de nos représentations de la superintelligence artificielle. Si les promesses de Masayoshi Son fascinent par leur radicalité, elles illustrent surtout un nouvel équilibre (ou déséquilibre) entre narration médiatique et évaluation objective par la recherche. Entre fantasme de déchéance (les « humains poissons rouges ») et espoir d’un accès à la surperformance, ce vertige pose un défi collectif: comment ne pas se perdre dans l’emballement, tout en restant prêts à accueillir le changement?
Pour ne pas se noyer dans l’excès de promesses, il s’avère crucial de développer une culture scientifique exigeante, ainsi qu’un esprit critique aiguisé sur l’intelligence artificielle générale. Les débats sur l’ia générale et l’ASI ne sont pas qu’affaire de techniciens-ils sont aussi le miroir de notre capacité à inventer de nouveaux imaginaires, rationnels et critiques à la fois (relire notre réflexion sur rester humain à l’heure de l’AGI).
Plus que jamais, le futur de l’IAG dépendra de notre aptitude à penser collectivement ce vertige-pour transformer la peur en questionnement, et le buzz en véritable projet de société.

