ChatGPT n’est plus une IA ? Comment l’AGI bouleverse la définition même de l’intelligence artificielle

ChatGPT n'est plus une IA ? Comment l'AGI bouleverse la définition même de l'intelligence artificielle

Introduction : Un séisme sémantique en IA ?

Le 22 mai 2025, lors de la première édition de l’IA Conférence organisée à Casablanca, une déclaration choc de Rachid Guerraoui, professeur à l’EPFL et figure reconnue de l’informatique théorique, a secoué la communauté IA :  » Dans quelques années, ChatGPT ne sera plus considéré comme de l’IA «  (source). Ce propos, relayé massivement suite à la conférence (vidéo), marque l’émergence d’un débat de fond : les IA génératives-et leur étendard ChatGPT-seraient-elles sur le point de perdre leur statut de véritables « intelligences artificielles » face à l’arrivée de l’AGI (intelligence artificielle générale)?

Cette interrogation survient à un moment charnière, alors que la frontière entre intelligence artificielle telle que nous la connaissions (IA  » faible  » ou spécialisée) et ia générale semble de plus en plus floue. Les récents progrès concrétisent le passage de l’IA spécialisée à l’AGI, concept au cœur de l’intelligence artificielle générale et de l’IAG. Ce séisme sémantique n’est pas isolé : de grands mouvements médiatiques et scientifiques, comme l’arrivée des modèles  » cognitifs  » chez Google (analyse approfondie), témoignent de l’intensification du débat.

Alors, la redéfinition du concept même d’IA est-elle inévitable à l’ère de l’AGI, voire de l’ASI (superintelligence artificielle)? Le débat ne fait que commencer…

De l’IA Weak à l’AGI : Où placer la nouvelle frontière ?

Depuis les premiers pas de l’IA, la distinction entre IA faible (narrow AI) et IA forte ou AGI (Artificial General Intelligence) a structuré aussi bien la recherche que l’imaginaire collectif. L’IA faible, aujourd’hui incarnée par des assistants comme Siri, la reconnaissance d’image ou les recommandations de Netflix, se limite à des tâches spécialisées et scriptées. L’AGI, quant à elle, vise une capacité d’adaptation, de raisonnement et d’apprentissage sur l’ensemble du spectre cognitif humain, rompant avec le paradigme des tâches uniques (intelligence artificielle générale).

La frontière explose depuis 2023-2025 avec l’irruption de modèles comme ChatGPT-4o, Google Gemini 2.5 Pro, ou Mistral Large (comparatif 2025).

  • GPT-4o: brille en compréhension multimodale (texte, image, audio), mais reste limité par son cadre conversationnel.
  • Google Gemini 2.5 Pro: gestion avancée du contexte et intégration dans des flux complexes, tout en demeurant  » spécialisé « .
  • Mistral Large: reconnu pour ses performances linguistiques, mais non doté de  » sens commun  » généraliste.

Cette accélération technologique floute la distinction ancienne, obligeant chercheurs et grand public à repenser ce qu’est vraiment une intelligence artificielle. Désormais, la question n’est plus tant  » que sait faire telle IA?  » mais  » jusqu’à quel point cette IA possède une capacité généraliste et auto-adaptative ? « .

C’est pourquoi le débat sur l’avènement de l’AGI ne relève plus de la science-fiction, mais bel et bien d’un bouleversement scientifique et social en temps réel. De nombreux experts-dont le directeur d’OpenAI, Sam Altman (déclaration 2025)-annoncent l’AGI pour cette décennie. Mais les critères de cette  » généralité  » font toujours débat, comme l’illustre la controverse récente analysée dans notre dossier sur le test de Turing et GPT-4.5.

ChatGPT dépassé par l’AGI ? Ce que disent chercheurs et développeurs

L’annonce de Rachid Guerraoui affirmant que  » ChatGPT ne sera plus considéré comme de l’IA  » soulève une onde de choc dans la communauté scientifique et technologique. Pour nombre de chercheurs, ce basculement est l’aboutissement logique de la distinction croissante entre IA générative et ia générale.

La percée récente des modèles dits  » généralistes  » oblige à reconsidérer les attentes vis-à-vis d’une réelle IAG. Beaucoup de débats opposent encore les promoteurs des grands modèles de langage (comme GPT-4o) à ceux qui défendent l’émergence d’une cognition artificielle capable de compréhension, de planification, voire d’intuition et d’émotion (intelligence artificielle générale). La conférence IA 2025 et les débats d’experts publiés récemment (analyse internationale) montrent une communauté partagée:

  • Les uns dénoncent le manque de sens commun des IA génératives et leur incapacité à véritablement  » comprendre le monde « .
  • D’autres saluent l’étape cruciale franchie en 2023-2025, voyant dans l’autonomisation des IA (IA copilotes de process, IA éducatives adaptatives) le prélude à l’AGI-voire à une superintelligence artificielle (lire sur AGI consciente).

Dans le milieu éducatif et industriel, ces distinctions amènent aussi à reconfigurer les pratiques: l’intelligence artificielle devient un outil évolutif, tandis que l’AGI est perçue comme un partenaire cognitif en devenir. La métamorphose des usages actuels (copilotes professionnels, agents multimodaux, assistants à la recherche ou à la créativité) pose ainsi les bases de nouveaux paradigmes cognitifs et industriels, décrits en profondeur dans notre article sur la cybersécurité intelligente et l’impact du cognitive computing en 2025.

IA, AGI… Quelles conséquences pour l’éthique, le droit et l’innovation ?

Ce glissement sémantique, où l’AGI et la ia générale remplacent progressivement la traditionnelle intelligence artificielle, a des répercussions majeures sur la régulation et l’innovation. L’entrée en vigueur du AI Act européen (août 2024-février 2025) instaure des règles strictes pour les IA à  » risques jugés inacceptables  » et affirme la nécessité de nouveaux standards (conformité, transparence, gouvernance) adaptés aux enjeux spécifiques de l’IAG (récapitulatif).

Sur le plan éthique, l’apparition de systèmes se réclamant de l’intelligence artificielle générale bouleverse les principes traditionnels (responsabilité, consentement, contrôle humain). Les industriels et les États, confrontés à la montée de la superintelligence artificielle, élaborent de nouvelles grilles d’évaluation et d’audit (rapport Ifri 2025). La législation tend à distinguer désormais:

  • Les IA spécialisées ou génératives (dans la santé, l’éducation, la finance, etc.), soumises à contrôles sectoriels renforcés.
  • Les systèmes dits  » généraux  » ou d’AGI, pour lesquels de nouveaux standards de transparence, traçabilité et évaluation sociale émergent (IAG).

Enfin, la sensibilisation du grand public et l’innovation industrielle suivront ce mouvement, posant des enjeux de souveraineté numérique et de sécurité (cf. l’analyse cognitive computing et cybersécurité intelligente). On assiste ainsi à la naissance de véritables  » standards  » inédits pour l’intelligence artificielle non humaine.

Conclusion : Vers une explosion des catégories ?

Le débat sur la nature de ChatGPT et sur ce qui constitue une véritable intelligence artificielle n’est qu’un symptôme d’une révolution conceptuelle bien plus vaste. À l’aube de l’AGI, puis peut-être de l’ASI, la définition même de l’IA explose en multiples catégories: IA faible, IA générative, ia générale, IAG, superintelligence artificielle, cognitive computing… Cette fragmentation conceptuelle s’accompagne d’une refonte des enjeux sociaux, industriels, éthiques et juridiques.

La question n’est donc plus de savoir si ChatGPT ou Gemini sont  » vraiment  » intelligents, mais de comprendre comment ces outils bouleversent l’ordre cognitif existant et préparent l’arrivée d’intelligences artificielles aux capacités auto-évolutives. À l’ère où la superintelligence artificielle n’est plus une utopie, l’adaptation de nos repères collectifs-légaux, culturels, scientifiques-devient le véritable défi. Rendez-vous dans quelques mois pour constater si la société, le droit, la science et l’industrie tiendront la cadence face à cette nouvelle explosion des catégories de l’intelligence artificielle générale.