AGI, faim d’énergie : le rapport choc sur la crise énergétique cachée de l’IA forte

AGI, faim d'énergie : le rapport choc sur la crise énergétique cachée de l'IA forte

Introduction : L’AGI à l’heure de la sobriété énergétique ?

En octobre 2025, le rapport choc du Shift Project marquait un tournant dans le débat sur l’intelligence artificielle générale (IAG), mettant en lumière une crise énergétique latente. Face à l’irrésistible ascension de l’AGI et des infrastructures de calcul, la sobriété énergétique devient soudain un impératif bien réel et non plus un simple slogan écologique.

Le rapport livre des chiffres qui saisissent : la consommation électrique des data centers en Europe, dédiée essentiellement à l’intelligence artificielle, pourrait grimper de 97 TWh en 2023 à plus de 200 TWh dès 2030. Autre fait alarmant : en France, la part des data centers pourrait représenter 7,5% de la demande totale en électricité à horizon 2030, soit quatre fois plus qu’aujourd’hui (source).

Pourquoi cette question explose-t-elle aujourd’hui ? Parce que les progrès spectaculaires de l’ia générale et du cognitive computing se heurtent à une contrainte physique implacable: la disponibilité et la soutenabilité de l’énergie. Ce rapport s’impose ainsi comme une lecture incontournable, à l’instar de ce dossier sur la limite énergétique de l’AGI, pour comprendre pourquoi l’avenir de l’IAG sera aussi –ou avant tout– une question d’énergie. »

L’explosion des besoins énergétiques : chiffres et scénarios 2025-2030

En s’appuyant sur le rapport 2025 du Shift Project, la croissance de la demande énergétique liée à l’intelligence artificielle atteint des niveaux inquiétants. Les modélisations produites prévoient que les data centers mondiaux pourraient tripler leur consommation électrique d’ici 2030, passant de 650 TWh/an à près de 2000 TWh/an (Le Monde).

En Europe, la projection situe le volume entre 165 et 200 TWh en 2030 (contre 97 TWh en 2023). Cette montée est principalement due à l’entraînement mais aussi à l’inférence d’algorithmes d’ia générale et de cognitive computing sophistiqués. Les signaux faibles que le rapport repère incluent :

  • Une intensification des rivalités d’accès à l’électricité entre territoires et secteurs économiques ;
  • Des tensions croissantes sur le refroidissement et l’acheminement énergétique local (data centers, fermes de GPU) ;
  • Une empreinte carbone directe de l’AGI estimée à +50 MtCO₂e/an à niveau mondial en 2030, soit un bond de +7% par an ;
  • Des risques de conflits d’usage de l’électricité pour l’industrie, le numérique et le résidentiel (Mediapart).

Ce constat fait écho à l’analyse de l’explosion énergétique de l’AGI face au défi écologique: si rien ne change, le risque d’une impasse physique devient réel, rendant les ambitions de superintelligence difficilement conciliables avec les limites terrestres.

Jusqu’où peut-on optimiser ? Les nouveaux paradigmes algorithmico-énergétiques

Le rapport du Shift Project explore diverses pistes pour limiter le gouffre énergétique de l’intelligence artificielle générale et de la superintelligence artificielle. Parmi les leviers évoqués :

  • Archictures matérielles spécialisées: développement de puces optimisées type ASIC et solutions neuromorphiques inspirées du fonctionnement du cerveau biologique, capables d’exécuter davantage de tâches pour une consommation réduite.
  • Modèles algorithmiques plus sobres: émergence de stratégies d’ia générale frugale, qui réduisent la taille des modèles et privilégient la performance énergétique sur la pure puissance de calcul brute.
  • Refroidissement et écoconception: recours accru à la récupération de chaleur, au refroidissement immersif ou au placement des data centers dans des zones géographiquement favorables.
  • Synergies bio-inspirées: comme évoqué dans cet article de référence, le mimétisme du cerveau reste un horizon prometteur.

Pourtant, un écart important subsiste entre ambitions théoriques et réalités industrielles. Les scientifiques alertent: la progression rapide des usages (IA générative, cognitive computing, IA autonome) pourrait annuler les gains réalisés si la « sobriété algorithmique » ne s’accompagne pas de changements structurels et réglementaires.

La véritable interrogation: l’innovation technique tiendra-t-elle la cadence de la soif exponentielle de puissance ? Rien n’est moins sûr, mais le sursaut est engagé.

Débat : AGI, progrès illimité ou impasse physique ?

La publication du rapport a cristallisé les positions dans le secteur. D’un côté, les techno-optimistes repoussent toute limite: pour eux, l’AGI est une révolution comparable à l’électricité, exigeant simplement de nouveaux investissements et innovations. De l’autre, de plus en plus de voix réclament une soutenabilité réelle, à l’image de Jean-Marc Jancovici (cofondateur du Shift Project), qui alerte : « Le développement de l’IA est incompatible, en l’état, avec la décarbonation de l’énergie » (source).

Pour Clara Flandre, experte indépendante citée dans Le Monde: « À ce rythme, c’est un mur énergétique que nous percuterons. Le débat ne doit plus être ‘allons-nous limiter l’AGI ?’, mais ‘sous quelles conditions la développer ?' ».

Scénarios prospectifs à l’horizon 2030:

  • AGI à énergie propre : accès prioritaire aux énergies renouvelables, couplage avec « clouds verts ».
  • Contraintes réglementaires : plafonnement légal de la consommation électrique des infrastructures IA (une proposition phare du Shift Project).
  • Sobriété numérique obligatoire : limitation drastique des usages non-essentiels par défaut, exigences de reporting énergétique.

Ce basculement est analysé en détail dans cet article sur la cybersécurité et la transition des géants industriels et souligne l’irruption du politique au cœur de l’ia générale.

Conclusion : Vers une superintelligence low-energy, mythe ou nécessité ?

Le rapport du Shift Project impose une évidence: la question énergétique n’est plus secondaire dans la course à l’intelligence artificielle forte. Si la sobriété énergétique de la superintelligence artificielle pouvait paraître utopique hier, elle devient aujourd’hui une urgence presque existentielle. La trajectoire actuelle des infrastructures IA est, selon le consensus de la communauté scientifique, insoutenable à terme: sans rupture, l’IAG risque de se heurter à un plafond physique impitoyable.

Cela questionne l’évolution même du modèle de développement technique: la sélection de l’innovation « bas carbone » -voire AGI « low-energy »- ne sera-t-elle pas le véritable critère de succès d’ici 2030?

L’appel à l’action vise toutes les parties prenantes: chercheurs, industriels, politiques, communautés citoyennes. Afin de dépasser la crise énergétique de l’IA, il est urgent de mutualiser innovations, réglementation et modération des usages. Mythe ou nécessité? La réponse façonnera le siècle à venir.

Pour aller plus loin: lire aussi sur les défis écologiques de l’AGI.