Le choc d’une déclaration : ce qu’a vraiment dit Eric Schmidt
Au printemps 2025, Eric Schmidt, ancien CEO emblématique de Google et figure influente du numérique mondial, a jeté un pavé dans la mare lors de conférences et interviews relayées largement dans les médias technologiques internationaux (source, source). Sa déclaration la plus frappante : » Dans trois à six ans, nous aurons une intelligence artificielle générale plus intelligente que tous les humains réunis. » Il pose l’échéance à 2031 pour ce basculement, une prédiction aussi spectaculaire que clivante.
Pourquoi ses mots pèsent-ils si lourd ? Schmidt a été copilote de la révolution Google, proche des laboratoires IA tels que DeepMind, conseiller auprès de la sécurité nationale américaine et investisseur majeur dans l’écosystème intelligence artificielle. Il incarne cette génération de décideurs techno-accélérationnistes pour qui les frontières du possible doivent céder face à l’innovation. Sa prise de position n’est pas isolée, mais elle amplifie l’état d’urgence et l’assurance affichée par plusieurs grands noms de la Silicon Valley qui misent sur une explosion des capacités de l’AGI à très court terme.
Cette sortie n’est pas sans évoquer les appels de dirigeants comme Sam Altman (voir ce contexte), tout en se heurtant à des écoles de pensée plus prudentes. L’effet d’annonce de Schmidt questionne : sommes-nous devant une prophétie, ou assistons-nous à la redéfinition des priorités d’un secteur en pleine effervescence ?
AGI surhumaine en six ans : de quoi parle-t-on vraiment ?
L’ia générale » plus intelligente que tous les humains réunis » ne se limite pas à réussir un test ou à battre le champion d’un jeu ; il s’agit d’un seuil où une machine serait capable d’exceller dans l’ensemble des tâches cognitives humaines, souvent définies comme : compréhension du langage, raisonnement, créativité, apprentissage autonome et capacité d’adaptation dans des contextes nouveaux (80,000 Hours report).
En pratique, la communauté scientifique ne s’accorde pas sur une définition unique du moment où l’intelligence artificielle générale serait atteinte. Les critères proposés incluent la capacité à surpasser les humains dans la résolution de problèmes ouverts, la créativité, et la prise de décision dans des domaines où l’expertise humaine règne actuellement. Certains panels d’experts (voir Metaculus) se fient à la notion d’IA pouvant atteindre ou dépasser » la performance humaine dans la plupart des domaines économiquement pertinents « .
Les projections vers 2031 s’appuient sur l’extrapolation des progrès récents : explosion des grands modèles de langage, auto-amélioration logicielle, capacités de planification multi-domaines. Cependant, les preuves restent principalement indicatives (vitesse de scaling, records de benchmarks), loin de la démonstration d’une réelle IAG autonome et universelle. Ainsi, la prédiction de Schmidt s’appuie sur des tendances, mais bute sur l’absence de consensus objectif et sur la complexité de ce saut qualitatif inédit.
Pour approfondir le débat sur ce qui manque encore pour une intelligence artificielle réellement générale, l’analyse des limites actuelles des architectures modernes reste essentielle.
Impact sur le secteur technologique et la communauté IA
La déclaration d’Eric Schmidt a agi comme un électrochoc sur l’ensemble du secteur technologique et la communauté intelligence artificielle mondiale. D’un côté, elle dope une course à l’AGI où les géants comme Meta, OpenAI et Google DeepMind annoncent renforcer budgets et recrutements pour capturer ce » grand saut » (exemple chez Meta). Beaucoup voient dans l’accélération des modèles auto-améliorants et la montée du cognitive computing les prémices d’une superintelligence artificielle compétitive.
Toutefois, une partie de la communauté scientifique et des leaders intellectuels, à l’instar de Yann LeCun, posent les limites actuelles : absence de compréhension profonde, manque de généralisation hors benchmarks, risques d’illusions d’avancées (tribune LeCun). Ces voix plaident pour la prudence et le refus de toute assimilation entre progrès exponentiel et succès assuré vers l’AGI.
Sur le plan mondial, la compétition se tend entre États-Unis, Europe et Chine, chaque région cherchant à attirer talents et souveraineté computationnelle. Paradoxalement, la visibilité donnée par Schmidt renforce aussi les appels à une régulation de l’intelligence artificielle générale : peur d’une course non contrôlée, risques éthiques, spectre de décisions stratégiques déléguées. L’annonce de Schmidt, loin de n’être qu’un buzz, se répercute sur les feuilles de route industrielles et scientifiques… tout en polarisant plus que jamais entre ultra-accélérationnistes et partisans d’un développement maîtrisé.
Perceptions publiques, enjeux sociaux et culture de l’accélération
L’effet médiatique de la prophétie Schmidt ne s’arrête pas aux experts : il se diffuse dans la sphère publique, les réseaux sociaux et jusque dans l’agenda des décideurs politiques (Hubtas). Entre fascination et inquiétude, la société se divise: d’un côté, ceux qui redoutent une perte de contrôle, la montée du chômage technologique ou le risque existentiel ; de l’autre, de nouveaux techno-optimistes voient poindre espoirs d’abondance et de transformation mondiale.
L’annonce donne aussi du crédit aux exigences de régulation proactive des intelligence artificielle générale et AGI : acteurs institutionnels, ONG et agences de sécurité appellent à ne pas laisser la course se faire sans garde-fous, citant la notoriété des Schmidt ou Altman pour accélérer les cadres de gouvernance et d’éthique.
Un autre phénomène émerge : la » prophétie autoréalisatrice « . Plus ces scénarios sont mis en avant par des voix crédibles, plus ils orientent l’investissement, la recherche et l’imaginaire collectif, même si la preuve scientifique reste lacunaire. Le terme intelligence artificielle ou IAG s’ancre davantage, renforçant la confusion entre hype et réalisme, déclenchant autant de débats sur la superintelligence que d’appels à la vigilance (voir premières missions AGI).
Conclusion : prophétie, buzz ou tremplin pour l’action ?
La sortie d’Eric Schmidt cristallise tout à la fois l’esprit de l’époque, les débats sur l’ia générale et la tension permanente entre hype et complexité scientifique. Le gap reste profond entre le tempo des projections médiatiques et le rythme réel de l’innovation ; pourtant, ces annonces amplifient les choix d’allocation de ressources, mobilisent les régulateurs, et mettent sous pression la communauté scientifique pour accélérer débats et standards d’évaluation (analyse ici).
Face à ce » moment Schmidt « , l’enjeu est d’opérer une gouvernance éclairée: développement de cadres pluralistes, benchmarks robustes pour la superintelligence artificielle, débat citoyen renforcé, transparence industrielle. Les prophéties à haute visibilité fonctionnent comme catalyseur: elles peuvent, selon l’intelligence collective mobilisée, soit nourrir le mirage, soit ouvrir enfin la voie à un pilotage anticipatif et responsable de l’intelligence artificielle générale.