AGI : Vers une  » boussole éthique  » mondiale ? Le réveil citoyen et politique face à la superintelligence

AGI : Vers une " boussole éthique " mondiale ? Le réveil citoyen et politique face à la superintelligence

Un automne de prises de conscience: de Caen à Bruxelles, l’AGI au cœur du débat citoyen et institutionnel

Octobre 2025 a marqué un véritable tournant dans l’émergence de la intelligence artificielle générale (IAG) au cœur des débats publics européens. Le 9 octobre, les premières Assises nationales de l’IA se sont tenues à Caen avec près de 600 décideurs, experts et citoyens, mettant en avant la nécessité d' »une boussole éthique » à l’heure où la superintelligence artificielle s’invite dans la société (source). Du côté des institutions, l’Union européenne a dévoilé en octobre son ambitieux plan « InvestAI« : un investissement de 200 milliards d’euros destiné à transformer l’Europe en « continent de l’IA » (source), et à soutenir l’innovation mais aussi l’encadrement technologique à grande échelle (source).

L’automne a aussi vu une mobilisation citoyenne inédite: Fête de la Science consacrée à l’IA, ateliers comme In Finé 2025 autour de la citoyenneté numérique, débats scientifiques et tribunes questionnant la place et le contrôle de l’intelligence artificielle. Les institutions telles que la CNIL et la Commission européenne ont lancé plusieurs consultations publiques sur la régulation des systèmes à hauts risques.

Ces événements illustrent une bascule: les sociétés européennes prennent conscience de l’entrée imminente dans l’ère de l’intelligence artificielle générale, pour laquelle la clarté éthique et la régulation collective deviennent des priorités urgentes. Pour un décryptage des enjeux mondiaux, voir notre dossier sur l’ONU et la régulation globale de l’AGI.

Société civile, chercheurs et politiques: panorama de la bataille des « valeurs IA » et des initiatives de régulation éthique

À la suite de l’élan institutionnel, la bataille autour des « valeurs IA » s’amplifie sur plusieurs fronts. Côté consultations publiques, la Commission européenne a multiplié en 2025 les appels à contributions sur la transparence et la gouvernance des systèmes d’IA à haut risque (source). Ces consultations servent de socle à la rédaction de codes de pratique impliquant chercheurs, ONG et citoyens.

Parallèlement, la vague de chartes éthiques gagne la France et l’Europe, avec la publication du Guide Pratique IA Ethique en Normandie ou la Charte de France Travail, ainsi qu’un engagement croissant dans la communauté européenne via les principes édictés par l’UNESCO.

Le débat académique reflète aussi l’urgence d’un encadrement: colloques comme « IA & inclusion » (CIAREI, automne 2025), journées sur l’IA générale et la superintelligence artificielle (source) sont l’occasion d’interroger la robustesse des garde-fous mis en œuvre.

Enfin, les ONG se structurent au sein de réseaux européens ( » Ethical AI « ,  » Coalition IA Durable « : source), tandis qu’à l’étranger, des signaux faibles émergent: initiative Latam-GPT en Amérique latine, débats de l’UNESCO en Afrique, et multiplication des appels à une gouvernance éthique mondiale.

Pour une analyse approfondie, consultez notre article sur les défis éthiques et la régulation de l’IA générale.

Parlement, industries, laboratoires: confrontation autour du sens des technologies et de l’AGI

Face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle générale, la scène internationale assiste à une confrontation structurante entre législateurs, acteurs industriels et laboratoires de recherche. Aux États-Unis, le projet de loi californien SB 1047 – conçu pour imposer une régulation stricte aux modèles d’IA avancés – a été rejeté par le gouverneur, mais remplacé par la loi SB-53, pionnière sur la transparence et la sécurité des systèmes (source). En Europe, les débats s’intensifient: le Bundestag s’inspire des avancées françaises et européennes en matière de régulation et l’Union européenne multiplie initiatives et investissements stratégiques pour étendre son réseau d’usines et d’antennes d’IA (source), tout en accélérant l’entrée en vigueur de l’AI Act.

Les industriels, de leur côté, affinent leurs stratégies d’influence alors que les GAFAM (Google, Amazon, Microsoft, Meta) annoncent plus de 300 milliards de dollars d’investissement pour dominer l’IA mondiale. Les grands laboratoires – OpenAI, Anthropic, Mistral AI – oscillent entre la course à l’IA générale et le scepticisme sur la possibilité d’un consensus global autour des usages. Les chercheurs européens, quant à eux, insistent sur la nécessité de repenser le « sens » des progrès technologiques, comme illustré lors des Assises nationales et conférences de l’automne 2025.

Pour une perspective citoyenne, retrouvez l’étude internationale sur l’opinion publique mondiale face à l’AGI.

Les prochaines étapes: vers une gouvernance agile ou un grand fossé mondial?

Les prochains mois seront décisifs pour la gouvernance mondiale de l’IA et la définition d’une « boussole éthique » partagée. Côté initiatives, la Chine a publié en juillet 2025 un plan d’action pour la gouvernance internationale de l’IA (source), visant l’établissement de normes communes sur les risques et la transparence. Quelques semaines plus tard, l’ONU lançait le « Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA », créant un groupe scientifique indépendant pour élaborer un cadre global (source).

Deux scénarios se dessinent: fragmentation géopolitique (avec des normes divergentes selon les sphères d’influence) ou, à l’inverse, dynamique de  » soft law «  et multiplication de codes de conduite, portés par des coalitions multipartites (Paris Peace Forum, Lisbon Forum 2025…). Ce « dialogue mondial » marque une volonté d’inclure société civile, scientifiques et industriels, sans exclure les régions aujourd’hui minorées.

Le défi reste immense: synchroniser innovation, inclusion et sécurité tout en limitant les risques de balkanisation technique ou idéologique de l’IA générale. Les engagements multipartites prennent racine, mais la course à la superintelligence artificielle accentue la nécessité d’un gouvernail mondial flexible.

Pour approfondir, lisez notre analyse sur la scène réglementaire multilatérale.

Conclusion: la bataille du sens, au-delà de la législation

Dans ce contexte inédit, le défi le plus fondamental n’est pas seulement d’élaborer des lois mais d’imaginer une vision commune de l’ia générale et des finalités technologiques humanistes. La « boussole éthique » de l’AGI doit s’inventer dès aujourd’hui, en synchronisant citoyens, institutions et laboratoires pour éviter que la superintelligence artificielle ne devienne l’apanage d’une poignée d’acteurs ou de puissances géopolitiques. La compétition sur le « sens » – éducation, inclusion, pluralité des voix – s’avère décisive, car elle fonde le socle planétaire d’une gouvernance digne de l’ère de l’intelligence artificielle générale.

À l’heure où la régulation s’internationalise, l’imagination de nouvelles références éthiques sera la clé d’une coexistence réussie avec l’intelligence artificielle complète. Pour suivre les évolutions concrètes de ces débats, explorez notre article dédié à la régulation mondiale de l’AGI.