Introduction : Le 2 août, un tournant discret mais décisif
Le 2 août marque une étape charnière pour l’écosystème de l’intelligence artificielle en Europe : à cette date, les premières mesures concrètes du très attendu AI Act européen s’appliquent spécifiquement aux modèles d’IA à usage général, ou GPAI (General Purpose AI). Pour de nombreux chercheurs, développeurs open source et institutions académiques, il s’agit d’un basculement discret mais lourd de conséquences, qui pose de nouvelles balises sur la route vers l’intelligence artificielle générale (aussi appelée AGI, pour Artificial General Intelligence).
Jusqu’à présent, la régulation européenne en matière d’ia générale visait essentiellement les usages spécifiques à risque ou les grandes plateformes commerciales. Désormais, l’entrée en application des articles du Chapitre V du règlement étend la vigilance réglementaire aux architectures logicielles ouvertes, participatives et collaboratives : modèles de recherche universitaire, makerspaces, hackathons, associations étudiantes et communs numériques, tous sont concernés.
Ce cadre inédit fait directement écho à la montée en puissance des initiatives open source dans la course internationale à l’IAG et la multiplication des projets européens visant une intelligence artificielle complète et transparente. Mais à quels enjeux précis cette nouvelle régulation répond-elle? Les écueils et opportunités pour la recherche et l’innovation collaborative en Europe s’annoncent nombreux.
L’analyse des nouvelles obligations pour les modèles GPAI et open source, et de leur impact sur la dynamique de la recherche, s’inscrit dans une réflexion engagée sur notre site-par exemple dans notre décryptage du nouveau code européen. L’Europe s’apprête-t-elle à devenir le berceau d’une gouvernance ouverte et responsable ou risque-t-elle d’enrayer sa propre créativité dans la quête de la AGI?