Site icon Intelligence Artificielle Générale

Comment les activistes anti-AGI structurent la riposte : de la rue aux coulisses de la tech

Comment les activistes anti-AGI structurent la riposte : de la rue aux coulisses de la tech

Un vent international de contestation : la mobilisation anti-AGI se structure

L’automne 2025 marque un véritable tournant pour la contestation contre l’intelligence artificielle générale (AGI). Du 18 septembre, journée de mobilisation historique, aux innombrables tribunes relayées par la presse internationale, les inquiétudes sur les risques d’une IA générale se sont imposées dans l’agenda public. La journée du 18 septembre a vu défiler, selon les chiffres officiels, près de 900 000 manifestants dans plus de 250 villes françaises, un record depuis plusieurs années (source). Si la mobilisation mêlait plusieurs causes, nombre de pancartes et slogans ciblaient explicitement la « superintelligence », la crainte d’une intelligence artificielle au niveau humain indomptable, et la demande urgente d’un moratoire sur les développements d’IAG.

À Paris, la manifestation fut animée par de nouvelles figures : de jeunes chercheurs, des ingénieurs mais aussi des activistes historiques du numérique. Leur mot d’ordre : éviter le risque d’un « AGI incontrôlable« . Plusieurs personnalités notoirement engagées, telles que Eliezer Yudkowsky, relayent ce catastrophisme AGI dans les réseaux comme dans la rue. Les médias, qui jusqu’alors couvraient ce courant avec parcimonie, consacrent désormais unes et débats à ces alertes – symptomatique d’une bascule vers une véritable polarisation de la société sur la question de l’intelligence artificielle générale.

Le début d’une ère où, comme le montrent aussi les tribunes scientifiques réclamant des  » lignes rouges technologiques « , la société civile cherche à s’inviter, et peser, dans la définition des limites éthiques et politiques de la superintelligence artificielle.

Qui sont les architectes de la riposte ? Réseaux, ONG et stratégies d’action

Derrière le regain d’alerte sur l’intelligence artificielle générale, une mosaïque d’organisations s’active à structurer la protestation. Des collectifs spécifiques contre l’AGI aux mouvements plus larges pour une IA éthique, ces alliances empruntent de multiples canaux.

Du côté des pionniers, on retrouve l’Association Française Contre l’Intelligence Artificielle (AFCIA), qui fait de la prévention des dérives de l’IA son fer de lance (site officiel). Elle rallie scientifiques, philosophes et militants ; elle s’appuie sur 10 arguments fondamentaux exposés lors de conférences publiques et relaye fréquemment la voix de lanceurs d’alerte comme Yudkowsky.

Autre acteur structurant : le collectif Impact AI (site officiel), le Hub France IA, ainsi que des coalitions internationales telles qu’Amnesty International, Mental Health Europe ou GAIA, qui mettent toutes en avant l’urgence de réguler la superintelligence artificielle (source). Ces groupes agissent en réseaux multicanaux : pétitions (dont l’appel de février 2025 rassemblant plus de 100 ONG), lobbying auprès du Parlement européen, campagnes de sensibilisation massives sur les réseaux, et organisation de débats publics.

La cartographie de ces alliances dessine un écosystème complexe où se croisent experts techniques, avocats, associations écologistes et militants pour l’éthique technologique. L’action directe (manifestations, projections, happenings), mais aussi le recours à la crise de confiance cognitive (campagnes d’influence et alertes sur la désinformation), sont désormais des leviers clés dans cette riposte citoyenne structurée.

Des échos concrets : l’impact des activistes sur politiques et économie de l’IA forte

Si certains réduisaient la crainte anti-intelligence artificielle générale à du bruit médiatique, les résultats factuels de la mobilisation ces douze derniers mois sont tangibles. Le AI Act européen, entré en vigueur le 1er août 2024, intègre des mesures inédites : obligation pour les grands modèles d’IA de publier audits, documentation technique renforcée, et sanctions pouvant atteindre 35 millions d’euros (source). Ces ajouts ont été nourris par une série de consultations publiques où ONG, scientifiques et collectifs anti-AGI ont joué un rôle moteur.

Le lobbying d’organisations comme AFCIA et Impact AI a aussi fait émerger des propositions de moratoire sur les systèmes les plus puissants et sur la superintelligence artificielle. Bien que la Commission européenne ait rejeté le « Stop the Clock » (moratoire complet) en juillet 2025 (source), la dynamique créée pèse déjà sur les stratégies des industriels: Google, OpenAI et Meta adoptent désormais un discours plus transparent, multiplient les publications de rapports sur la « sécurité AGI » et redoublent de contacts avec la société civile.

Autre signal, les enveloppes de recherche publique pour l’IAG s’accompagnent désormais de nouveaux critères d’éthique et de débat démocratique. Enfin, de grands industriels, sentant la pression sociétale, choisissent de siéger comme observateurs au sein de panels citoyens et de s’auto-imposer des chartes internes de risque AGI (source).

Quelles perspectives ? Mobilisation citoyenne et futur de la contestation anti-AGI

Face à la montée du débat sur l’intelligence artificielle générale, deux grands scénarios émergent pour l’activisme anti-AGI. Le premier est celui d’une professionnalisation et d’une internationalisation des réseaux militants: les ONG et collectifs mettent déjà en place des cellules juridiques, multiplient les partenariats transfrontaliers et investissent le terrain éducatif (conférences, outils pédagogiques) pour faire émerger une conscience citoyenne mondiale autour de l’AGI et de ses risques.

Le second scénario, plus incertain, est celui d’un épuisement ou d’un déplacement de la contestation, qui verrait ces forces se relayer vers d’autres causes au gré des évolutions techno-politiques. Reste que le débat sur la superintelligence artificielle a déjà permis d’installer durablement la question de l’éthique IA au premier plan, comme l’illustrent les nombreux relais médiatiques et le maillage croissant d’alliances: de la coalition de février 2025 à la création de « commissions citoyennes IA ».

Les limites, toutefois, demeurent: hétérogénéité des modes de mobilisation, difficultés à articuler front scientifique et mobilisations populaires, enjeu du financement et du relais politique. Mais la dynamique enclenchée montre que la contestation anti-AGI n’est plus un feu de paille, et que le passage à une société de la cognitive computing se fera sous l’œil critique – et sans doute durable – d’une société civile beaucoup plus structurée.

Pour une analyse approfondie des défis à venir, lire cet article sur les enjeux éthiques liés aux agents autonomes.

Conclusion: Quand la société civile réinvente la politique à l’ère AGI

L’irruption de la contestation anti-intelligence artificielle générale marque un tournant historique. Alors que les grandes orientations technologiques étaient longtemps dictées par quelques acteurs économiques et scientifiques, la société civile s’invite désormais au centre du débat. Les mouvements critiques de l’IA générale rappellent que la technologie n’est pas une affaire d’experts: elle engage nos sociétés, nos droits et notre avenir collectif.

Plus qu’un simple contre-pouvoir, cette effervescence doit être vue comme une opportunité de relier innovation, éthique et démocratie. Suivre l’évolution de ces mobilisations est capital à l’heure où l’IAG s’invite dans tous les pans de la vie sociale, économique et politique. Veillons à entretenir ce débat citoyen indispensable et à croiser regards scientifiques, politiques et citoyens pour que la superintelligence artificielle soit, demain, vraiment au service du collectif.

Pour aller plus loin, découvrez nos analyses sur la nécessité d’une réflexion éthique sur l’IA et sur la question de la confiance cognitive face à l’AGI.

Quitter la version mobile